Depuis le 7 février 1984, le Sénégal est divisé en régions :

Sommaire :
- Dakar :
Capitale du Sénégal et chef-lieu de la région du Cap-Vert, Dakar, dont le site remarquable fait aujourd’hui la richesse, fut longtemps ignorée ou négligée par les conquérants. C’est l’île de Gorée, face à Dakar, qui attire en premier les explorateurs ; elle devient un repaire des négriers d’abord hollandais, puis français.[photos] [plan de Dakar]
La ville de Dakar est donc née tardivement : au milieu du XIXème siècle, quand l'île de Gorée devint trop petite pour contenir l'armée française. Elle n'était alors qu'un modeste village de pêcheurs lébous [ethnies]. Le capitaine Protet installa ses hommes sur l'actuelle place de l'Indépendance en 1857. Dès lors, Dakar s'employa à rattraper le temps perdu. A partir de 1862 s'édifia une cité aux jolies maisons à deux étages, avec de grands balcons couverts; certaines sont encore visibles de nos jours, entre les boulevards de la Libération et de la République [plan de Dakar,photos]. Les exceptionnelles qualités naturelles du port expliquent la rapide expansion de la ville : bien protégé des tumultes de l'océan, notamment par le cap Manuel, il possède des eaux profondes pouvant accueillir les plus gros bateaux.
En 1902, Dakar devient la capitale de l’Afrique-Occidentale française et reçoit toutes les fonctions de capitale jusque-là exercées par Saint-Louis du Sénégal. Les 20 000 habitants du début du siècle passèrent à 300 000 en 1961, et l’urbanisation a aujourd’hui gagné pratiquement toute la presqu’île. Dakar comptait 1 571 600 habitants lors du recensement de 1988.
Les actifs travaillant dans le secteur primaire sont employés par la pêche et les cultures maraîchères. La capitale regroupe 90% des entreprises sénégalaises. Les principales branches industrielles sont l’huilerie, la conserverie, la brasserie, la savonnerie, le textile, les produits chimiques (raffinerie de pétrole), la métallurgie légère. Mais la gamme industrielle est fort étendue tant par la nature des produits fabriqués que par la taille des entreprises. Dans le secteur tertiaire, les transports occupent une place considérable liée à la position géographique de Dakar et à son rôle portuaire ; les travailleurs du secteur tertiaire sont les plus nombreux, et en particulier ceux de la fonction publique.
Malgré le fractionnement de l’ancien ensemble fédéral, Dakar continue de jouer un rôle international. Le port, qui est aussi celui du Mali, a connu un trafic de 5 millions de tonnes en 1993, et l’aéroport de Yoff [photos], étape importante entre l’Europe et l’Amérique latine, est le dixième aéroport d’Afrique (en 1993, 600 000 passagers et 23,4 milliers de tonnes de fret). Mais la croissance continue de la ville pose de multiples problèmes, dont le moindre n’est pas la permanence du chômage.
Au premier coup d'œil, la métropole sénégalaise déroute un peu. Irrite même. C'est qu'elle est à la fois bruyante, nonchalante et brouillonne. Gratte-ciel de verre et d'acier, immeubles aux formes triangulaires hardies, cases en banco, ce mélange de terre, paille et eau encore utilisé dans la médina. Sous les arcades de la place de l'Indépendance, le cadre à cravate et le marabout à gris-gris font excellent ménage [photos].
- Le centre-ville de Dakar :
Il se situe entre la cathédrale du Souvenir-Africain (1929) et la place de l'Indépendance, jusqu'à l'extrémité sud de la presqu'île où les Européens s'installèrent au début du XXe siècle. C'est le coeur politique de la cité, avec la présence de certaines ambassades et, place Soweto, de l'Assemblée nationale, un bâtiment aux lignes harmonieuses. De la Présidence aussi [photos], dont la blancheur illumine l'avenue Roume [plan de Dakar] ; de la fenêtre de son bureau, le président Abdou Diouf jouit d'une vue magnifique sur Gorée!
Dakar est très étendue, mais le centre-ville se parcourt aisément à pied. Place de Casablanca, la gare apparaît délicieusement rétro [photos]. Les quartiers résidentiels, eux, s'étirent à l'ouest et au nord-ouest : de l'anse de Soumbedioune à l'aéroport, le long de la corniche.
- Les marchés de Dakar :
A la rencontre des avenues Georges Pompidou, Lamine-Gueye, Emile-Badiane et André-Peytavin [plan de Dakar], le marché Sandaga [photos] est une sorte de caravansérail à la mode africaine. Il est facile à repérer : du matin au soir, il draine une foule dense, bigarrée et bavarde, qu'on voit et qu'on entend de loin. Attention aux pickpockets, qui opèrent là en terrain privilégié. Tailleurs et couturiers sont sur place, notamment avenue Emile-Badiane. Ils coupent le vêtement qu'on souhaite en 24 h ; leurs boutiques ne désemplissent pas. Ce marché est également celui des électroniciens (chaîne hi-fi, appareils photo, composants électroniques, etc.).
A deux pas, rue El-Hadji-Baye-Gueye [plan de Dakar], de petits vendeurs d'aubergines, de courges, d'ignames, s'adressent d'abord à une clientèle locale. Le secteur est amusant comme tout. Au bout de la rue A.-Le Dantec, le marché Kermel, lui, n'est plus que l'ombre de ce qu'il était. On l'aimait beaucoup pour ses structures de fer forgé. Pour ses marchandes de fleurs aussi, qui entassaient leurs bouquets sur leur tête, pour attirer l'attention des passants. Victime d'un incendie en 1993, il survit essentiellement grâce à la venue des touristes.
A l'inverse, le marché Tilène conserve toute son authenticité. En pleine médina, lui aussi jongle avec les drôles de potions médicinales, les remèdes inédits, les griffes et les cornes diaboliques. il y ajoute des épices, des poissons séchés, des fruits et légumes dont la plupart des Européens ignorent les noms... S'il fallait ne voir qu'un marché à Dakar, ce serait le marché Tilène : à l'écart du centre nerveux de la cité, il est le plus africain de tous.
- La médina :
Dans ses ruelles sablonneuses et poussiéreuses, la foule se fait pressante, voire étouffante, surtout le vendredi après-midi : le jour des grandes prières. Mieux vaut choisir un autre moment pour y flâner. Le quartier n'a pas très bonne réputation : les voleurs à la tire, dit-on, y sont nombreux. Avenue El-Hadj-Malick-Sy [plan de Dakar], la Grande Mosquée est un des plus spectaculaires monuments religieux de toute l'Afrique. Son minaret [photos] s'élève à 67 m de hauteur ; il est visible de partout dans Dakar. Construite au lendemain de l'indépendance (1964), elle rappelle la mosquée Mohammed-V de Casablanca. Hélas, on ne visite plus ce bel édifice (à cause de touristes irrespectueux qui n'enlever pas leurs chaussures m'a-t-on dit !) aux tuiles vernissées, aux précieuses mosaïques, à la cour intérieure rafraîchie par des fontaines.
- Le musée de l'IFAN :
Place de Soweto (en face de l'assemblée National : [plan de Dakar]). Ouvert tous les jours de 9 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h 30, sauf le dimanche (entrée payante).
Derrière un élégant porche à colonnes se trouve le musée le plus séduisant du Sénégal. Le plus complet aussi. Créé à l'initiative du président Senghor, entièrement rénové en 1995, il offre un vaste panorama des patrimoines artistiques et culturels de l'Afrique de l'Ouest. Au rez de chaussée sont réunis quelque 300 statues, outils, bijoux, instruments de musique, meubles royaux. On y voit des masques d'une beauté à faire se damner les collectionneurs . masques d'initiation de Côte d'Ivoire et de Guinée, masques agraires de Haute-Volta, masques de danse du Nigeria, etc. Plusieurs scènes de la vie quodidienne ont été reconstituées avec beaucoup de réalisme : rites funéraires, expéditions de chasse, etc. Au premier étage, la collection Moustala-Diop permet d'admirer des pièces exceptionnelles : des emblèmes du pouvoir, parfois très anciens, qui proviennent notamment du Cameroun. il faut consacrer deux bonnes heures à la visite de ce musée d'exception, d'autant qu'un bâtiment annexe propose d'intéressantes expositions temporaires.
- Le nord de la presqu'île :
A bord de la Croix-du-Sud, Mermoz prit son dernier envol au CapVert sur la corniche, une stèle [photos] rend hommage, et au pilote, et à l'Aéropostale. Seuls accidents de terrain d'une côte parfaitement plate : les Mamelles, deux collines d'une centaine de mètres d'altitude. Ici, elles font figure de montagnes. La plus haute (105 m) porte le phare le plus puissant du continent, après celui du cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud. Du sommet, on bénéficie d'une vue magnifique sur toute la presqu'île, de la pointe des Almadies, à Dakar, en passant par les îles de la Madeleine.
- Le marché soumbedioune :
Pionnier en la matière, ce grand village artisanal a été inauguré en 1961. Son succès ne s'est jamais démenti et le grand nombre de visiteurs n'ôte rien à son authenticité.
On l'atteint par la corniche ouest. Dans l'anse de Soumbedioune, face aux îles de la Madeleine, il a été aménagé comme un village africain traditionnel. Ses 500 artisans travaillent sous les yeux des visiteurs. Entre sculptures en bois d'ébène, sacs à main en peau de crocodile et pagnes de toutes les couleurs, le choix est immense. Il s'inspire de l'ensemble de la production artisanale de l'Afrique de l'Ouest. Les techniques sont anciennes, mais les sujets et motifs choisis souvent contemporains. [photos]
- Les plages :
D'abord, éviter toutes celles qui ne sont pas explicitement autorisées à la baignade : à Dakar, l'océan peut se révéler dangereux. Les plus belles plages se situent en direction de Cambérène, [plan Cap Vert] entre les cocotiers et les dunes de sable qui résistent à l'urbanisation. A Yof également, domaine des pêcheurs lébous [ethnies], qui, chaque jour, affrontent les vagues à bord d'esquifs creusés dans le tronc des fromagers. Et à Ngor [photos], la plus ancienne station balnéaire du pays. Bien avant l'indépendance, les colons français s'y retrouvaient nombreux.
- Les Îles de la Madeleine :
[photos]Depuis le port de pêche de Soumbedioune, la traversée en pirogue est superbe, mouvementée aussi au passage de la barre et à l'accostage. Devenues réserve ornithologique, les liés de la Madeleine s'efforcent également de protéger leur flore et leur sol, menacés par l'influence du sahel, de plus en plus perceptible. Une excursion surtout recommandée aux amateurs d'oiseaux, qui pourront notamment observer de superbes milans noirs.
Accostage réservé aux groupes constitués et guidés. Renseignements auprès de la direction des parcs nationaux, tél : 824 42 2 1.
- L'île de Gorée : [photos]
Bateau pour Gorée dans le port de Dakar au môle 1, entrée de l'embarcadère place de la Gare, côté boulevard de la Libération. Services réguliers de 6h30 à 1h (de 11h à 13h dans les deux sens), passages payants.
Gorée, c'est l'ambiguïté. De ses ruelles sablonneuses, de ses vieilles maisons aux toits de tuiles et aux volets bleu-vert, de ses filaos et bougainvillées qui foisonnent au-dessus de ses murs ocre, naît une incontestable magie. Elle fait de cette île un univers à part entière. Un lieu unique, au Sénégal et dans le monde. Mais Gorée, c'est aussi la porte infernale qui s'ouvrait sur l'Amérique : celle qu'empruntèrent, pendant trois siècles, des millions d'hommes embarqués de force pour les Antilles et le sud des Etats-Unis. L'esclavage apporta la richesse à Gorée, son abolition la pauvreté. Aujourd'hui, on imagine mal que cette île aux accents presque méditerranéens, au charme envoûtant, fut le théâtre d'un des principaux drames de l'humanité.
Gorée a échappé à la mainmise des chaînes hôtelières internationales. Elle n'est pourtant qu'à un quart d'heure en chaloupe du port de Dakar. D'année en année, l'île conserve tout son caractère. Ses superbes maisons, souvent du XVIIIème siècle, s'écroulaient, menaçant de disparaître à jamais. La jet-set, à la recherche d'un refuge inédit, les restaure une à une. Ici, on plante des buissons, là des plantes grasses, ailleurs des arbustes à fleurs. Les petits restaurants se multiplient autour du port. Les échoppes d'artisans également. Et chacun balaie devant sa porte. Mais Gorée n'est pas encore le Saint-Tropez sénégalais. Entre mosquée, citadelle et ancien palais du gouverneur, ses rues étroites offrent des promenades mi-nostalgiques, mi-romantiques, souvent très tranquilles. Dans sa plus grande longueur, l'île ne dépasse pas 900 m. Elle est faite pour les atmosphères intimistes. Les samedis et les dimanches ne lui conviennent pas : trop de monde, trop de bruit.
Le mythe des Signares :
Elles ont longtemps fait rêver les marins. Capturées comme esclaves, elles gagnaient Saint-Louis pour recouvrer la liberté. Les coloniaux français, venus en Afrique sans leur femme légitime, les prenaient pour compagnes. A ce petit jeu, elles et leurs filles métisses amassèrent de grosses fortunes. Elles les investirent dans le commerce des esclaves on peut à la fois être belle et avoir le sens des affaires. Les Signares étendirent rapidement leur influence sur diverses villes du pays, jusqu'à exaspérer le père de la colonisation : Louis Faidherbe en personne.A Gorée, elles occupaient de merveilleuses maisons à patio qui donnaient sur l'océan. Face à la Maison des Esclaves, l'actuel musée de la Femme, sans grand intérêt, fut la demeure de la signore Victoria Albis.
La Maison des Esclaves :
ouverte les mardis, mercredis, jeudis, samedis et dimanches de 10 h 30 à 12 h et de 14 h 30 à 18 h, plus les vendredis de 15 h à 18 h, entrée payante.Rue Saint-Germain [photos], elle a été construite par les Hollandais à la fin du XVIIIème siècle. Sa couleur rose, l'arrondi de ses lignes, la paix qui règne sur sa cour, ne sauraient gommer les horreurs dont elle fut témoin. Au cours de la visite, la réalité passée apparaît plus présente à chaque pas : les carcans entravant le cou des prisonniers, les cachots qui, sous l'escalier en fer à cheval, accueillaient les fortes têtes, la porte du voyage sans retour.
Le fort d'Estrées :
Ouvert de 10 h à 13 h et de 14 h 30 à 17 h, tous les jours sauf le lundi, entrée payante.
A la pointe sud de l'île [photos]. Une architecture plutôt banale, mais, à l'intérieur, un musée dont il faut absolument pousser la porte : le Musée historique. Il retrace l'histoire du Sénégal et de Gorée, du néolithique à l'indépendance. On y voit une pierre lyre préhistorique, mais aussi et surtout de nombreux documents relatifs aux royaumes primitifs, à l'esclavage, à la colonisation, etc. Sa visite facilite beaucoup la compréhension du pays : l'idéal est de pouvoir l'effectuer au début du voyage.Le musée de la Mer :
Ouvert de 10 h à 13 h et de 14 h 30 à 17 h, tous les jours sauf le lundi, entrée payante. Place du Gouvernement, dans l'ancienne maison de la Compagnie des Indes, il fait la joie de tous ceux que passionne la vie marine. Rénovées en 1995, ses salles exposent des centaines de poissons, crustacés et mollusques.
- Rufisque
A moins de 30 km de la capitale, qui menace de l'absorber, Rufisque ouvre le chemin de la Petite Côte. Elle fut, avec Dakar, Saint-Louis et Gorée, une des quatre communes dont les habitants bénéficièrent du statut de citoyens français dès 1916 et jusqu'en 1946. Cernée par les baobabs, la cité eut longtemps une activité importante, tournée vers le stockage et la transformation de l'arachide. De nos jours, elle tombe dans l'oubli, y compris des touristes. C'est dommage, car Rufisque possède un centre-ville bien conservé, avec des maisons colorées aux balcons en fer forgé joliment ouvragé. A redécouvrir sans faute. [photos]
- Le Village des tortues
A 6 km de Rufisque, sur la route du lac Rose. Ouvert tous les jours de 9 h à 19 h, entrée payante.
Créé en 1996, le Village des tortues est d'abord un outil d'étude et de sauvegarde d'espèces menacées. De repeuplement aussi, dans les zones surveillées des réserves et parcs nationaux. il permet aux amoureux de la nature de découvrir des reptiles souvent impressionnants, telle la tortue géante sillonnée : la plus grosse tortue continentale du monde ; elle peut peser 100 kg vivre 150 ans. Enclos sanitaires et reproduction, écloseries et nurseries, bassins des tortues d'eau : la visite est passionnante. On peut même assister à une naissance en direct ou à la réparation d'une carapace fracturée.
- Le lac Rose [photos]
Le lac Rose, ou lac Retba, est une curiosité naturelle du Sénégal. Il jouit d'une grande célébrité depuis que le rallye Paris-Dakar lui réserve son ultime étape. Il s'étend le long de l'Atlantique, seulement séparé de l'océan par des dunes et des filaos. Et il n'usurpe pas son nom : selon les heures du jour, il passe par toutes les nuances du rose, des plus claires aux plus soutenues. C'est superbe, surtout en fin d'après-midi, quand sa surface vire au mauve sous un ciel d'un bleu profond.
Une algue microscopique est responsable du phénomène. Elle oxyde le fer contenu dans l'eau salée. Car le lac Rose, comme la mer Morte, regorge de sel : chacun de ses litres d'eau en contient 380 g.
Des centaines d'ouvriers procèdent, sans discontinuer, à son extraction.
Les hommes armés de pics, les femmes de seaux en plastique multicolores, les uns et les autres enduits de beurre de karité (venant du Mali) et immergés jusqu'à la taille. Une partie du sel récolté sert à la conservation du poisson, l'autre est vendue aux pays voisins.
Grande est la tentation de plonger dans le lac Rose. Bien sûr, on flotte sans mal à la surface de ces eaux anormalement salées. Y nager apparaît plus compliqué. Dans tous les cas de figure, un sérieux rinçage à l'eau douce s'impose dès qu'on retrouve la terre ferme.
La meilleure période pour voir la couleur rose du lac est de janvier à mars.
II - Région de Thiès .
- La Petite Côte :
L'océan y montre patte blanche : le Cap-Vert lui confisque ses courants perfides, ses rouleaux infernaux. C'est une mer calmée, rassurante qui baigne la Petite Côte, à moins d'une heure de route de Dakar par la N1 [plan Sénégal ouest]. La Petite Côte, c'est l'Afrique des livres d'images et des rêves ensoleillés, entre les pirogues effilées de Mbour et les flamants roses de la rivière Somone. Entre les longues plages, dans les failles des falaises se glissent des villages de pêcheurs. Dès l'après-guerre, des écrivains comme Jacques Laurent ou Georges Conchon en tombèrent amoureux. Auguste Lebreton y situa même l'intrigue d'un de ses livres : l'As au Sénégal.
Le destin touristique de la Petite Côte s'est affirmé au début des années 70, sous l'impulsion du gouvernement de l'époque. Elle possède, aujourd'hui, un remarquable éventail d'hôtels de loisirs, où se concentrent 24 % de la capacité d'hébergement du Sénégal. Saly Portudal, station balnéaire inaugurée en 1984 par le président de la République Abdou Diouf, connaît un succès spectaculaire. On a eu la sagesse d'y privilégier l'architecture locale. D'y planter des fleurs et des arbres plutôt que d'y faire pousser le béton.
- Le Pays des falaises rouges
D'abord les falaises de Toubab-Dialao. Elles oscillent entre l'ocre et le pourpre et dessinent de petites criques très appréciées par les baigneurs. Au sud du carrefour N1 et N2 [plan Sénégal ouest], ce village regroupe de nombreux bungalows résidentiels, autour d'une plage de plus en plus fréquentée par les artistes et les intellectuels dakarois. C'est l'endroit dont on parle et où il faut se montrer. A Poponguine, situé à l'extrémité du cap de Naze, des falaises sauvages tombent également sur l'océan, qui apparaît un peu plus remuant ici qu'ailleurs. Une grotte miraculeuse, consacrée à la Vierge noire, amène, chaque année, des milliers de pèlerins à ce gros bourg, un peu délaissé par les vacanciers depuis la décolonisation.
- Saly - Portudal
Créé de toutes pièces dans les années 80, Saly-Portudal constitue le plus grand complexe touristique de toute l'Afrique de l'Ouest. A la fin du XVème siècle c'était un port très fréquenté par les marins portugais ; baobabs, acacias, jujubiers, manguiers dégringolaient alors jusqu'au rivage et les fascinaient. Une succession de plages en pente douce, d'hôtels climatisés très grands ou très intimes et des tennis, des piscines, des restaurants, un centre équestre, un golf, des animations folkloriques, des discothèques, des boutiques, etc. D'autant que les années qui passent ont gommé le caractère artificiel de son implantation.
- Mbour
Les pirogues surchargées qui manquent de verser à chaque vague, les femmes qui emplissent bassines et paniers de carangues, raies, daurades, baclêches, sardines, les bars et les soles qu'on réserve aux marchés européens, les ailerons de requins destinés à l'Asie, les poissons plus modestes qu'on grille et qu'on fume pour la consommation locale et les pays voisins : dans l'embrasement du soleil couchant, Mbour [photos] est une fête. Le retour des pêcheurs y offre un des plus extraordinaires spectacles que le Sénégal puisse produire.
Malgré la proximité de stations balnéaires telles que Saly et Nianing, Mbour demeure en prise directe avec la réalité africaine. La ville est pleine des joies et des soucis du quotidien, imperceptibles au sein des grands complexes de vacances.
- Nianing
A un quart d'heure de Mbour, Nianing est une des plages vedettes de la Petite Côte. Elle réunit quelques uns des meilleurs hôtels de la région et bénéficie d'une remarquable infrastructure de loisirs. Rendons à Apo ce qui lui appartient, le succès de ce centre balnéaire est indissociable de cet extraordinaire personnage qui y créa le domaine de Nianing : 130 ha au bord de la mer. En vingt ans, cet écologiste avant la mode y planta des dizaines de milliers d'arbres. Au fil des années, son club de vacances est devenu un véritable jardin d'Eden, parfumé par les citronniers et peuplé d'oiseaux de toutes les couleurs.
- Joal-Fadiouth [photos]
Les deux villages sont distincts.Léopold Sédar Senghor est né dans le premier et l'a souvent évoqué dans son oeuvre. La maison de ses parents est ouverte à la visite : elle n'offre pas d'intérêt particulier. Le port de Joal fut un des principaux débouchés sur la mer de l'empire du Djolof [histoire]. A partir du XVème siècle, ce port fut largement utilisé par les navigateurs portugais, qui y établirent un comptoir. Fief catholique, il possède plusieurs églises, et ses vieilles maisons à l'ombre des cocotiers sont très délabrées.
Joal se singularise surtout par d'énormes amas de coquillages; les hommes les ont entassés là dès le début de notre ère. ils ont fini par constituer des îlots, sur lesquels des baobabs ont pris racine. Le village de Fadiouth a été bâti sur l'un d'eux.
Un vieux pont de bois relie Fadiouth à la terre ferme [photos]. Les habitants pêchent volontiers à l'épervier, mais ils sont d'abord agriculteurs. Ils ramassent et mangent les délicieuses petites huîtres qui se fixent dans les racines des palétuviers. Les habitants de Fadiouth sont des Sérères [éthnies] restés fidèles à l'enseignement catholique dispensé par les missionnaires portugais, un calvaire domine leur cimetière. Avec ses huttes rondes en paille, ses greniers à mil sur pilotis, le ballet de ses pirogues, ses porcs noirs en liberté dans les ruelles, ses drôles de crabes à une seule pince, Fadiouth apparaît comme un des plus pittoresques villages de tout le Sénégal.
- Kayar
C'est un des principaux ports de pêche du pays. Vers 17 h, les pêcheurs rejoignent le rivage. Des dizaines et des dizaines de pirogues, élancées, bariolées et débordantes des poissons pêchés dans la journée, se heurtent à un véritable mur d'eau. A la moindre fausse manoeuvre c'est le naufrage. Mais, dans leurs suroîts jaunes ou verts et sous leurs épais bonnets de laine, les marins témoignent d'une dextérité peu commune pour prendre la vague. Le spectacle est superbe. Il se poursuit avec le déchargement de poissons de toutes tailles qui, ruisselants et frétillants, tombent sur le sable en avalanche. Il attire de nombreux touristes, d'autant que Kayar n'est pas loin de Dakar.
- Le monastère de Keur Moussa
Tout près de Kayar, au bout d'une belle avenue d'ombre et de lumière, le monastère de Keur Moussa est beaucoup plus calme et accueillant. Ses bénédictins sont célèbres pour marier, avec autant d'enthousiasme que de talent, les chants grégoriens à la musique africaine. Les tambours et les balafons de la grande messe du dimanche attirent autant de croyants que de curieux. La petite église avec ses fresques naïves, le cloître avec ses fleurs, le verger avec ses orangers et ses mandariniers, respirent la paix et la tolérance. L'architecture du monastère de Keur Moussa est tout à fait banale. Son ambiance, elle, tient du divin.
- Mboro
A partir de Keur Moussa, on peut -longer l'océan jusqu'à Mboro, un village de pêcheurs qu'entourent les marigots. Il est moins fréquenté que Kayar. Avec ses vagues déferlantes et ses vents soutenus, l'Atlantique y retrouve d'extraordinaires accents de sauvagerie. Sur ce rivage, la promenade à pied est tonifiante en diable.
- Thiès
Au carrefour des anciens royaumes du Baol, du Kayor et du Djolof, Thiès est un important noeud routier, et surtout ferroviaire, des lignes Dakar-Saint-Louis et Dakar-Bamako. A 70 km de la capitale, c'est la deuxième ville du pays, avec 130000 habitants. Elle fut construite par les Français. Aux environs furent retrouvées de nombreuses pierres taillées et polies, qui prouvent l'ancienneté du site. Son premier maire a marqué l'histoire du pays, puisqu'il s'agit de Léopold Sédar Senghor en personne.
La vocation commerciale de la cité s'est d'abord affirmée avec l'implantation des ateliers ferroviaires du Sénégal. Ensuite, tout est allé très vite. Stockage et expédition de l'arachide, fonderie d'aluminium, société d'exploitation des phosphates, fabrique de matériel agricole, tannerie, cimenterie : Thiès est un modèle de développement industriel. Mais la ville possède aussi une Manufacture sénégalaise des Arts décoratifs et un Centre culturel régional. Ils traduisent la volonté de décentralisation artistique et culturelle que manifeste le gouvernement depuis les années 70.
- La Manufacture sénégalaise des Arts décoratifs
Salle d'exposition ouverte de 7 h à 18 h 30 du lundi au vendredi, de 10h à 12 h et de 16 h à 18 h 30 le samedi, entrée gratuite, visite des ateliers uniquement sur rendez-vous (tél. : 51 113 1).
Fondée en 1966 par Papa Ibra Tall, peintre au talent unanimement reconnu, c'est vraiment un endroit magique. Y sont exposées les tapisseries réalisées à partir des cartons des meilleurs artistes contemporains : ceux du fondateur, bien sûr, mais aussi de Seydou Barry, Ibou Diouf, Goudiaby ou Amadou Ba. Tissées au point d'Aubusson par une soixantaine de personnes, ces tapisseries puisent leur inspiration dans les légendes et dans l'histoire du Sénégal.
- Le centre culturel régional
Ouvert du lundi au vendredi de 8 h à 18 h, entrée payante.
En face de la Manufacture sénégalaise des Arts décoratifs, dans les anciennes fortifications de l'armée coloniale, une exposition retrace l'histoire du pays et présente les maires successifs de la cité. Dans un autre bâtiment, on découvre un atelier et une exposition de fixés-sur-verre. Ces peintures naïves mettent en scène les héros qui imprègnent l'âme du pays, mais aussi les simples acteurs de la vie quotidienne. Beaucoup d'humour et de talent au rendez-vous.
Fleuron industriel et commercial du Sénégal, Thiès n'a rien de l'archétype touristique. Et pourtant… Ses avenues ombragées sont délicieuses à suivre, et c'est avec plaisir qu'on s'attarde sur ses places, aussi animées qu'aérées. Son marché brasse toutes les ethnies du pays. Ses maisons coloniales ont été beaucoup mieux entretenues qu'ailleurs. Mais c'est peut-être la gare qui offre le spectacle le plus étonnant de la ville. Sur ses quais s'entassent les voyageurs, avec victuailles et bagages. Le brouhaha est inouï, la bousculade tient de la lutte armée. Le flot grossit d'heure en heure. Les protestations et les invectives aussi : c'est que Thiès ne brille pas par l'exactitude de ses trains.
III - Région de Saint-Louis .
- Saint-Louis et ses environs [photos]
A l'embouchure du fleuve Sénégal, Saint-Louis [plan] fut au XVIlème siècle, la première ville française d'Afrique.
Sous la direction de Louis Caullier, qui défend les intérêts de la Compagnie normande, une poignée d'hommes occupent un vague fortin et quelques cabanes au milieu de la rivière. Ils sont isolés, décimés par la maladie. Mais ils tiennent bon. En quelques années, la ville, base militaire et tête de pont commerciale, se développe et s'enrichit. Sa prospérité atteind son apogée au milieu du XIXème siècle, avec l'arrivée de Faidherbe, en 1854, à la fois soldat énergique, fin politique et grand bâtisseur. Capitale de l'Afrique occidentale française de 1895 à 1902, Saint-Louis perdra peu à peu de son influence face à Dakar, jusqu'à tomber en totale léthargie.
Depuis quelques années, la ville, jumelée avec Lille depuis 1956, retrouve sa bonne mine d'antan, grâce à un sursaut économique, mais aussi touristique et culturel, de toute la région. Elle ne représente encore que 4,9 % de la capacité d'hébergement du pays. Mais on chuchote que d'importants investissements hôteliers sont prévus à brève échéance.
Bien sûr, Saint-Louis est emplie du charme des cités bâties sur une île. Mais elle ajoute des atouts plus personnels à cette situation privilégiée : des maisons à balcon en fer forgé, à véranda et à arcades, érigées aux XVIIIème et XIXème, siècles, et restaurées une à une. Des courses de pirogues particulièrement spectaculaires, avec un public enthousiaste massé sur le pont Faidherbe. Un festival de jazz renommé qui, chaque année, se déroule la première semaine d'avril et accueille des vedettes internationales. Des calèches à clochettes qui enfoncent le clou romantique de la cité. Des femmes célèbres pour leur beauté, qui se drapent de la tête aux pieds dans des mousselines artistiquement imprimées.
La belle endormie se réveille, jusque dans ses rues étroites qui se rencontrent à angle droit. Elle demeure trop ignorée des voyageurs, même si Bernard Giraudeau y tourna certaines scènes des Caprices du fleuve, et Bertrand Tavernier de Coup de torchon. Son petit lever est celui d'une reine, trois fois centenaire. Il ne faut pas hésiter à lui consacrer trois jours de découverte. A l'écart du sable blanc aseptisé et des cocotiers, Saint-Louis démontre qu'au Sénégal il y a aussi une vie après la plage.
- L'île de Saint-Louis
Reliée au continent par le pont Faidherbe, dessinée par Gustave Eiffel, elle mesure 2,2 km de long sur 3 à 400 m de large. Proche des rumeurs de l'Atlantique, cette langue de terre entre le ciel et l'eau constitue le centre historique de la cité. Il serait dommage de la parcourir au pas de charge. Saint-Louis, au contraire, se déguste lentement, de préférence au lever et au coucher du soleil, quand ses rues s'emplissent de boubous bariolés et que la lumière met en valeur les tons pastel de ses façades anciennes.
Le quartier nord est séparé du quartier sud par la place Faidherbe et son square ombragé, que domine la statue du général français. Dans ce secteur d'obédience musulmane, il faut tenter d'apercevoir le palais du Gouverneur, enfoui dans les arbres, les buissons et les fleurs. On peut aussi jeter un coup d'oeil sur le palais de justice, rue Blanchot, et sur la Grande Mosquée, avenue Jean-Mermoz, tout deux bâtis au XIXème siècle. Mais, le grand plaisir, c'est d'abord de musarder dans les petites rues rafraîchies par le vent. Elles collectionnent les façades ocrées, les jardins supendus, les commerces variés. Leur quiétude est communicative.
Le quartier sud, lui, commence avec la cathédrale, construite en 1827. Ses quais conservent plusieurs belles maisons coloniales, si symboliques de la cité. C'est dans l'ancienne maison Peyrissac que se déroulent les concerts du festival de jazz. Point d'orgue de cette partie de la ville : le musée du Centre de recherche et de documentation du Sénégal :
- Le Centre de recherche et de documentation du Sénégal
Quai Henri-Jay, ouvert tous les jours de 9 h à 12 h et de 15 h à 18 h, entrée payante.
Au bord du fleuve, un agréable musée qui retrace la préhistoire et l'histoire du Sénégal, entre découvertes archéologiques, instruments de musique, exposition de tissus traditionnels, évocation de la géographie du fleuve, étude des déplacements ethniques, approche de la faune et de la flore, etc.
- Spahis et tirailleurs sénégalais
Sur l'île de Saint-Louis, la caserne des pompiers de l'avenue Mermoz abrita le premier régiment sénégalais de spahis. Ce corps de cavaliers de l'armée française, créé en 1834, se caractérisait par un recrutement autochtone. Sa présence au Sénégal, aussi prestigieuse soit-elle, ne saurait faire oublier les fameux tirailleurs sénégalais, enrôlés et formés par Faidherbe à partir de 1857. Ils participèrent à la conquête des territoires français d'outre-mer. Surtout, ces extraordinaires fantassins s'illustrèrent, pendant le conflit de 14-18, puis pendant la Seconde Guerre mondiale. Le courage et l'abnégation dont ils firent preuve appartiennent aux grandes heures de l'histoire de France. Au Sénégal, les derniers survivants de ce corps d'élite sont considérés comme des héros.
- La Langue-de-Barbarie
Entre l'océan et le fleuve, c'est une étroite bande de terre qui s'étire de la Mauritanie à l'estuaire. Elle est reliée à l'île principale par le pont de la Geôle et, surtout, par le pont Mustapha-Malick-Gaye. Avenue Dodds, son marché de N'Dar Tout réunit, chaque matin, les plus élégantes femmes de Saint-Louis; elles sont vraiment magnifiques avec leurs coiffes arachnéennes et leurs bijoux d'or. Ambiance animée et souriante au milieu des fruits, des légumes, des poissons, et de mystérieuses médecines à base de plantes et d'écorces. Au sud, on pénètre dans Guet N'Dar. C'est le domaine des pêcheurs. Un monde à part, dur comme cet Atlantique qui, matin et soir, malmène leurs énormes barques quand elle franchissent la barre. Sur la plage, les femmes, armées de coutelas, écaillent, vident et sèchent le poisson, dos aux cases carrées et aux ruelles poussiéreuses d'un quartier où le visiteur est seulement toléré.
- Le parc national de la Langue-de-Barbarie
Ouvert toute l'année, entrée gratuite. Tivouane, ville sainte de la confrérie des Tidjanes, et Louga, ville natale du président Abdou Diouf, conduisent au parc national de la Langue-de-Barbarie : un cordon sablonneux long de 20 km, qui s'étire de Saint-Louis à l'embouchure du fleuve Sénégal. On accède en pirogue (réservations dans les hôtels) à ce site de 2 000 ha où viennent se reproduire les tortues de mer. Les oiseaux trouvent là un refuge exceptionnel : les mouettes à tête grise, les pélicans blancs et gris, les hérons, les sternes caspiennes et royales, les goélands railleurs, les aigrettes, les balbuzards pêcheurs, les garzettes, etc. C'est d'avril à septembre que le parc national de la Langue-de-Barbarie donne le meilleur de lui-même : de ses et miradors, on observe alors la nidification des oiseaux, au milieu des al acacias et des filaos, dans un assourdissant concert de criailleries et de jacasseries.
- Sor
C'est le nouveau quartier de Saint-Louis. Il s'étend sur le continent. C'est par lui qu'arrivent les visiteurs. Longtemps considéré comme le jardin de la cité, il conserve beaucoup d'arbres et de fleurs entre ses immeubles modernes. Il vaut surtout pour son marché de l'avenue du Général-de-Gaulle, moins spectaculaire, cependant, que celui de N'Dar Tout.
- Le parc national du Djoudj
Ouvert de novembre à avril, entrée payante.
A 70 km au nord de Saint-Louis, c'est la troisième réserve ornithologique du monde. Elle a été créée en 1971, sur 16 000 ha, dans le delta du fleuve Sénégal. Inscrite au Patrimoine mondial en 1980, elle se caractérise par la diversité des espèces qu'on y rencontre : près de 400, entre les aigrettes, les spatules, les ibis, les flamants roses, les canards souchets, les cormorans, les sarcelles, les oies d'Egypte et de Gambie, les barges à queue noire, etc.
Quatre-vingt-dix pour cent des oiseaux d'eau qui peuplent le parc national du Djoudj sont migrateurs. Des miradors permettent de les observer tout à loisir, surtout au petit matin, quand ils se réveillent et s'envolent en nombre, après s'être regroupés pour la nuit. Une station biologique a été implantée au coeur du site. Elle a permis de constater la ponte et la nidification d'espèces jusqu'alors inconnues en Afrique de l'Ouest. Les principaux hôtels de Saint-Louis organisent des excursions qui permettent d'approcher les oiseaux en pirogue, souvent à moins de 15 m. Ici et là, on aperçoit souvent un crocodile faussement somnolent. Le spectacle est exceptionnel. Le parc national du Djoudj constitue vraiment l'attraction majeure du nord du Sénégal. La meilleure période d'observation court de novembre à avril, quand se reproduisent les oiseaux. On peut parcourir le parc en voiture. C'est l'occasion de voir quelques mammifères, notamment des singes, des chacals, des gazelles et des phacochères.
- Au long du fleuve Sénégal
Le fleuve Sénégal ferme le pays au nord et à l'est, son principal affluent, la Falémé [carte Sénégal sud est], formant frontière avec le Mali, Depuis la fin du XIXème siècle, on cherchait comment mieux utiliser ses eaux, et notamment les millions de m3 de pluie qui provoquaient des inondations ou s'évaporaient inutilement. Le barrage de Diama a répondu à la question. Il n'ôte rien au charme de ce fleuve paresseux et lumineux qui, à partir de Saint-Louis, constitua longtemps la principale voie d'accès vers l'intérieur du pays. il coule parfois dans une vallée de plus de 20 km de largeur, déroulant majestueusement ses boucles au milieu des cultures de riz, de maïs, de canne à sucre, de tomate, de mil, que ceinturent des villages de cases rondes aux toits de paille. L'aridité menaçante du sahel n'est jamais très loin. Quelques villes se sont implantées entre le désert et l'eau, autour d'une mosquée, d'un marché d'épices, d'un bouquet de dattiers. Certaines, comme Rosso ou Matam [carte Sénégal nord est], font juste figure d'escales. D'autres, au contraire, se révèlent beaucoup plus attirantes. Entre la nostalgie et le rire, elles ont des accents de bout du monde.
- Richard-Toll [photos]
La cité doit son nom au jardinier français Richard qui, au début du XIXème siècle, tenta d'y acclimater certaines plantes agricoles. L'expérience n'eut pas de suite immédiate, mais elle passionna les Wolofs, l'ethnie dominante [ethnies]. Si Richard-Toll apparaît, aujourd'hui, comme un des greniers du pays, c'est grâce à l'irrigation. On y produit, chaque année, 5 000 tonnes de canne à sucre, qui alimentent la raffinerie locale. Depuis la fin des années 70, de nombreuses cultures maraîchères sont également au rendez-vous de ces terres nourricières. Le baron Roger, gouverneur du Sénégal de 1822 à 1827, se fit construire un petit palais à Richard-Toll, près du pont qui enjambe la rivière Taouey. Tout de colonnes et de dentelles de pierre, le fronton orgueilleux et la façade ouvragée, il a été peu à peu abandonné, oublié, pillé. La végétation l'étrangle. Mais une profonde émotion naît de la contemplation de ses ruines. Aux environs, le lac de Guier est le domaine privilégié des canards, des hérons, des marabouts, mais aussi des pêcheurs : les professionnels y emplissent leurs filets, les amateurs y réussissent d'inoubliables coups de ligne.
- Dagana
La traite de la gomme lui valut sa fortune. Celle-ci n'est plus qu'un souvenir. Le long du quai, à l'ombre de grands fromagers, ses belles maisons coloniales sont en très mauvais état. L'ancien fort ne se porte pas mieux. Aujourd'hui, Dagana somnole dans le souvenir de sa gloire passée, même si son marché ne manque pas de piquant, notamment avec ses potiers.
- Podor
Au XVIIIème siècle, Anglais et Français s'y étripèrent pour la conquête d'un fort qui, aujourd'hui, abrite modestement la gendarmerie. Les origines de la ville semblent remonter au XIIème siècle. Elle doit son nom au commerce de l'or qui la caractérisait alors. De nos jours, Podor apparaît comme une ville accueillante, aux maisons ocre jaune alignées comme à la parade, aux rues fleuries, aux enfants que l'apparition de têtes nouvelles mettent en joie. Sur le fleuve, de nombreuses pirogues vont et viennent du Sénégal à la Mauritanie et jusqu'à l'île de Morphil, qui, dit la légende, aurait abrité un cimetière d'éléphants.
IV - Région de Fatick .
- Le Sine-Saloum
Au rythme des marées, la mer pénètre la terre, eau douce et eau salée se mêlent pour former un immense marécage encombré de bancs de sable, de palétuviers vert-jaune, de centaines d'îles et d'îlots : le delta du Saloum. Quand les premiers navigateurs portugais s'y aventurèrent, ils furent attaqués et massacrés par des archers embarqués à bord de véritables pirogues de guerre, contenant chacune de cinquante à cent hommes. Leurs descendants : les Niominkas, proches des Sérères, ont définitivement rangé leurs flèches dans leurs carquois. Aujourd'hui, ils préfèrent offrir du vin de palme aux nouveaux venus, leur vendre des colliers de coquillages et de graines séchées. Dès Ndangane, premier village sur le delta, ils tiennent leurs pirogues à disposition pour leur faire découvrir le dédale des bras de mer et les mares miroitantes du pays de l'eau : le Sine-Saloum, au nord de la Gambie.
La culture de l'arachide demeure la grande richesse de la région. Mais ce sont les oiseaux qui assurent son renom. Flamants roses, sternes royales, calaos, marabouts, aigrettes, cigognes du Sénégal, avocettes, plus les oies, les canards, les bécasses, les sarcelles d'Europe et d'Asie qui y prennent leurs quartiers d'hiver : du confluent des fleuves Sine et Saloum jusqu'à l'estuaire, ils sont des milliers à emplir le ciel de leurs battements d'ailes, à troubler la paix du soir de leurs cris et de leurs piaillements. De toutes les tailles et de toutes les couleurs, ils offrent un ébouriffant spectacle que seule la nuit interrompt, entre les pélicans qui bombent la poitrine, les pluviers qui trottinent sur la vase, les hérons qui roulent de l'oeil, les aigles pêcheurs qui fondent sur leur proie comme des missiles.
- Les villages de pêcheurs
La pointe de Sangomar sépare l'Atlantique du fleuve Saloum. Avec le village de Djifer, elle constitue une sorte de trait d'union entre terre et mer [photos]. On s'y baigne en eau douce et en eau salée. Et, comme dans toute la région, on y pêche beaucoup, en professionnel mais aussi en amateur. Barracudas, ombrines, tiofs, carpes rouges, tarpons, capitaines se jettent sur les leurres des pêcheurs les plus inexpérimentés, dans l'estuaire comme dans les bolongs, ces bras de mer qui s'insinuent entre les îles. L'expérience est à tenter absolument. Les captures de 5 à 10 kg sont monnaie courante. Piqués à l'hameçon, les poissons se révèlent bagarreurs en diable. Beaucoup d'émotions au rendez-vous !
- Foundiougne
Avec ses bâtiments vieillots et ses larges rues plantées de manguiers. Sur la rive gauche du Saloum, il a le charme désuet du temps des colonies.
- Missirah
Et son petit atelier de fabrication de pirogues. Adossé à la forêt, le village s'organise autour d'un adorable port cerné par les palétuviers. Les pêcheurs y vendent leurs poissons en les suspendant aux guidons de leurs bicyclettes.
- Toubakouta
Réputé pour ses rencontres de lutte sénégalaise. On y trouve un artisanat plus soigné qu'ailleurs, notamment de beaux objets sculptés. A la rencontre de deux ethnies : les Sérères, des pêcheurs, et les Mandingues, des agriculteurs, [ethnies] il occupe une position stratégique sur la route qui relie Kaolack à Banjul.
- Le parc national du Saloum
A 80 km à l'ouest de Kaolack, il s'étend de la pointe de Sangomar à la forêt de Fathala [carte Sénégal ouest] et à la frontière gambienne. Ses 73 000 ha font la part belle au milieu marin, avec, au rendez-vous, tous les oiseaux qui emplissent et enchantent le ciel du Sine-Saloum : plus de 200 espèces, qui y nichent en paix. Le parc assure la protection d'une faune naturelle de plus en plus menacée : chacals, chats sauvages d'Afrique, cobes des roseaux, mais aussi loutres, lamantins, tortues. Il protège aussi la mangrove, cette inextricable forêt de palétuviers qui recule devant l'extension des rizières.
- L'île de Dionevar
Au sud de Ndangane, Dionevar offre un des premiers regards sur le delta du Saloum. Et une vision très complète de l'insularité à la mode sénégalaise. Cette île-là, il ne faut pas la manquer. C'est la plus peuplée de toutes, avec quelque 5000 habitants. Elle possède une énorme mosquée, des arbres à palabre, des maisons de plain-pied, parfois hautes en couleur et qui s'ouvrent sur une cour commune, Les coquillages y sont largement mis à contribution, dans l'architecture, la décoration, l'artisanat, la bijouterie; auparavant, on a dégusté leur chair, grillée ou séchée et servie avec du riz. Autour du village, rizières et champs d'arachide disputent le terrain aux Cocotiers, orangers et citronniers. Proche de l'embouchure du fleuve, Dionevar vit en quasi-autonomie. Comme toutes les îles du Sine-Saloum, elle constitue un monde à part, perdu entre terre et mer,
V - Région de Kaolack .
- Les sites mégalithes
Avec le Siné-Saloum, la région de Kaolack est le pays des mégalithes, ces curieux alignements et cercles de pierres dressées vers le ciel, à l'image des menhirs bretons. Keur Ali lobé, Garan, Diam Diam, Kaymor, Diallo Kouma les sites sont nombreux à réunit, chacun plusieurs dizaines de ces mégalithes, au sud-est de Kaolack, dans la région de Nioro-du-Rip. ils s"étendent sur 250 km jusqu'en Gambie. Le plus spectaculaire : Sine Ngayène, est d'accès aisé. Au coeur d'une savane sans ombre, il y a là plus d'un millier de pierres hautes de 2 m, levées en cercles concentriques autour des tombeaux supposés d'un roi et d'une reine. Un certain mystère entoure encore ces lieux. Quelques historiens y voit l'expression d'un culte du soleil, tel qu'il s'exprime à Carnac. Tous s'accordent pour attribuer ces mégalithes à des civilisations avancées, dans la région à l'aube de notre ère, comme en témoignent les squelettes retrouvés sur place.
- Kaolack
Etape obligée sur la route de Banjul, de la Casamance et du Sénégal oriental, Kaolack est à l'antipode d'une ville de villégiature. Le trafic des esclaves la rendit riche. Capitale de l'arachide, elle poursuit, vaille que vaille, son destin commercial, même si la concurrence de Dakar lui fait de plus en plus d'ombre. Malgré le développement des transports ferroviaire et routier, quelques navires remontent encore le Saloum jusqu'à son port, pourtant implanté à plus de 100 Km de l'océan. Aux environs immédiats, cultures maraîchères et marais salants de Palmarin, uniques au Sénégal, lui valent un revenu substantiel.
Kaolack possède un des plus grands marchés du pays. Ses galeries à arcades, à mi-chemin des arabesques de Baltard et des contes des Mille et Une Nuits, datent de la colonisation. Il propose cotonnades et poissons séchés, pneus rechapés et bijoux, tôles gauchies et sacs en peau de serpent. Dans un même bouillonnement, il réunit Sérères, Wolofs et Peuls [ethnies], plus quelques Européens égarés et ravis. Même guettée par le déclin, Kaolack brasse, avec enthousiasme, et les affaires, et les ethnies. Loin de toute préoccupation touristique, c'est, avec plus de 150 000 habitants, une grande et une vraie cité africaine d'aujourd'hui. A la sortie de la ville en allant vers Dakar, on remarque une mosquée aux dimensions impressionnantes : Kaolack est le siège de la confrérie des Tidjanes [islam], qui regroupe un tiers des musulmans sénégalais.
VI - Région de Louga .
- Vers le Ferlo
Le Sénégal a aussi sa monotonie aride, son atmosphère sèche, son horizon jaune sable : le Ferlo, au plein est de Dakar. Au XIVème siècle, ce fut la première conquête de l'empire du Djolof. Il ne faut s'y aventurer qu'à bord d'un véhicule tout terrain, soigneusement contrôlé avant le départ. Désert ? C'est vite dit. Lointains ingrats, immensités brûlantes, pistes dénudées, solitude ventée, lui composent un visage peu amène. Mais il y a aussi des bouquets d'épineux, quelques points d'eau, et de rares villages qui réussissent à faire pousser des fleurs. On y découvre même une ville : Linguère [carte Sénégal centre], vouée corps et âme à l'acheminement de l'arachide vers Dakar.
Le Ferlo, c'est le domaine des Peuls [ethnies], pasteurs modèles qui, indifférents au soleil mais très attentifs à la pluie, déambulent à la tête d'immenses troupeaux de zébus et de chèvres. Entre le sahel, qui menace sa pauvre herbe, et l'arachide, qui cerne ses étendues sans grâce, le Ferlo fait figure de terre abandonnée des dieux. Le pouls religieux du pays bat pourtant tout près : à Touba, ville sainte et berceau des Mourides [islam], cette confrérie qui regroupe plus d'un tiers des musulmans sénégalais.
VII - Région de Diourbel .
- Touba
A l'entrée de la ville, un panneau donne le ton : il annonce que tabac et alcool y sont prohibés. Pour les Sénégalais, le pèlerinage à Touba équivaut à celui de La Mecque. Construite en 1963, la Grande Mosquée écrase la cité. Avec ses 87 m de hauteur, son minaret est le plus élevé de toute l'Afrique de l'Ouest. Dix mille croyants peuvent y prier à l'unisson. Ses tapis soyeux, ses dorures à la feuille, son marbre de Carrare ajoutent le raffinement à la puissance. A l'occasion de la grande fête annuelle des Mourides [islam], le Magal, les pèlerins s'y entassent et s'y bousculent, jusqu'à parvenir à se prosterner devant le tombeau d'Amadou Bamba, fondateur de la confrérie à la fin du XIXème siècle. La nuit, ils occupent les cours et les rues, pour y dormir. Ils sont plusieurs centaines de milliers, venus de tous les coins du pays, en train et en car, à cheval et à chameau. La pagaille qu'ils créent est indescriptible. Pour les non-croyants, mieux vaut éviter cette période, dont la date varie chaque année : ils sont considérés, à juste titre, comme des intrus.
- Diourbel
Une ville commerçante qui fut longtemps la grande capitale de l'arachide. Kaolack lui a ravi le titre. Au pied de son minaret, elle demeure très active. Cultures maraîchères dans ses faubourgs, artisanat au centre ville, avec de nombreux tisserands, potiers, bijoutiers. Son grand homme, c'est Cheikh Diop Makhône, seul sculpteur sénégalais à avoir travaillé le bronze à la cire perdue. Aujourd'hui, son fils Issa lui succède avec talent, son atelier est grand ouvert au public. A la sortie de la ville, en direction de Kaolack, on aperçoit une étrange mosquée en paille tressée, qui semble échappée d'un conte oriental. Elle a été bâtie par un dissident mouride [islam].
VIII - Région de Ziguinchor et Kolda.
- La Casamance
Au Sénégal, c'est sans doute la Casamance qui distille le mieux les heures lentes du crépuscule. Au sud du pays, la région réveille les rêves oubliés, les émotions enfouies, de Kafountine à Kabrousse [carte Sénégal sud ouest] et de Karabane à Ziguinchor. Ses vergers et ses rizières lui valent le surnom de Grenier du Sénégal. Le spectacle offert par l'eau et par les villages qui l'entourent se révèle vraiment exceptionnel. Crocodiles et hippopotames ont disparu, mais pas les griots, ni les cases à impluvium, qui, depuis des siècles, recueillent l'eau de pluie dans un bassin central. Elles sont uniques dans toute l'Afrique.
Les Diolas et leurs sous-groupes : Bliss, Diamats, Floups, Bayots, Diougouts, etc., [ethnies] constituent la principale ethnie de la Casamance. A leur contact, le voile se lève un peu sur les secrets les plus troublants de l'Afrique. C'est qu'ils demeurent très attachés à leurs coutumes animistes[religions], même si une petite partie d'entre eux subit l'influence de l'islam. A l'orée du bois sacré, ils permettent parfois aux profanes d'assister à leurs fêtes, danses et cérémonies ancestrales, fréquentes en amont du fleuve Casamance. Malgré les visiteurs, en nombre toujours croissant, elles gardent une parfaite authenticité. C'est un des grands attraits de la région.
A leur tête, les villages conservent un conseil des anciens. Il prend toutes les décisions concernant la vie de la communauté et sert d'intermédiaire avec les puissances surnaturelles. Il ne jouit d'aucune existence officielle, mais exerce une influence occulte sans limites. Au mieux, la population accueille avec indifférence les lois édictées par le pouvoir central. Profondément croyants, les Diolas sont aussi très jaloux de leur liberté. Les colonisateurs français l'ont appris à leurs dépens, du milieu du XIXème siècle jusqu'aux dernières années de leur présence au Sénégal.
Aux histoires d'eau dont elle est si friande, la Casamance ajoute d'immenses plages de sable fin, baignées par une mer tiède, dorées par un soleil constant et caressées par de doux alizés. Les plus séduisant rivages de tout le pays se trouvent au pied des collines fleuries du Cap-Skirring, à l'extrémité sud de la Casamance. Depuis 1973, la station constitue à la fois le symbole et le fer de lance du Sénégal balnéaire. Elle est très fréquentée par les touristes français, que la population accueille avec enthousiasme. Il faut dire que les autochtones se qualifient volontiers de " Sénégaulois ".
Avec 23 % de la capacité d'hébergement du pays, la région marie, à la perfection, les vacances balnéaires au tourisme de découverte. Derrière ses plages, un réseau de marigots et de bolongs permet de sillonner tout l'arrière-pays en pirogue. Sur fond de jujubiers, citronniers, avocatiers, manguiers et papayers, c'est l'Afrique de Tintin et Milou qui est au rendez-vous. La climatisation en prime.
- Rites initiatiques :
Ils sont encore d'actualité dans toutes les communautés animistes d'Afrique, où ils constituent le pivot de la vie sociale. Au Sénégal, ce sont surtout le Pays bassari (sud du Niokolo koba) [carte Sénégal sud est] et la Casamance, notamment autour de Oussouye et Abéné [carte Sénégal sud ouest], qui sont concernés. L'initiation, qui répond à des rites aussi anciens que rigoureux, s'adresse aux adolescents, les garçons toujours, les filles parfois.
Elle a pour but de leur révéler certains mystères, de les situer par rapport à la nature, à la société, à leur sexe, de leur donner un nouveau nom. Bref, de les faire passer de l'enfance à l'âge adulte, par l'enseignement, mais aussi par diverses épreuves physiques et morales. Ce qui se déroule alors dans la brousse demeure secret. Et les initiés ont tout intérêt à tenir leur langue : des châtiments corporels sont prévus pour les bavards !
- Le riz, or blanc casarnançais :
A l'inverse des rizières asiatiques, tirées au cordeau, celles de Casamance témoignent d'un certain laisser-aller. Pourtant, le riz, cultivé depuis très longtemps au Sénégal, revêt une importance quasi sacrée pour les Diolas [ethnies]. Il constitue la base de leur nourriture. Il est aussi un témoignage de richesse, un bien suprême qu'on garde pour soi. D'accord pour vendre les fruits et les poissons. Le riz, lui, se conserve dans le grenier; il y reçoit les fumées du fourneau, qui passent à travers les branchages du plafond et lui assurent une conservation infinie. Il constitue un capital pour les garçons, une dot pour les filles. Et sa récolte est prétexte à des fêtes aussi joyeuses que superbes.
- Le pays des reines :
La Casamance aime les femmes de caractère. Ainsi la reine Alinsitouë, qui a marqué l'histoire commune des Sénégalais et des Français. Elle fut à l'origine d'une insurrection contre le gouvernement colonial. En 1942, ce dernier avait décider de réquisitionner les récoltes de Casamance, pour approvisionner le nord du pays. Alinsitouë, jeune souveraine de Kabrousse, s'y opposa, encourageant partout la révolte. Elle fut finalement arrêtée et déportée à Tombouctou. Plus paisible, Sebeth, reine des Floups, fut chantée par André Malraux . De taille moyenne, mais de maintien altier, elle était célèbre pour les nombreuses audiences, teintées de magie, qu'elle accordait près de Oussouye; aussi bien à ses sujets qu'aux voyageurs inconnus d'elle. Pour sa simplicité aussi, Puisqu'elle trônait dans une modeste case et participait quotidiennement aux travaux exigés par les rizières.
- Au Nord
C'est la Casamance la plus sauvage. Sur la côte se retrouvent le amoureux des étoiles, les insatiables curieux, les babas cool allergiques au béton. Une clientèle souvent jeune, désireuse de connaître le pays en profondeur. C'est aussi le royaume des pêcheurs au surf-casting, qui peuvent lancer leur ligne dans les vagues sans accrocher celle du voisin : il n'y a pas de voisin. En revanche, l'océan est surpeuplé de raies, de courbines, de capitaines, d'ombrines : des poissons de 5 à 50 kilos. Entre Abéné et la presqu'île aux Oiseaux, qu'on rejoint par les bolongs en 1 h 30 de pirogue, il y a 30 km de plages ininterrompues. Elles sont ourlées par les filaos, parfois ombragées par les fromagers. Ignorées par la plupart des touristes, qui ne quittent guère leurs hôtels du Cap-Skirring, elles offrent des baignades des premiers temps, sur fond de huttes de branchages et de dunes souvent désertes.
La population se montre particulièrement accueillante, qu'elle cultive le riz, cueille les fruits, raccommode ses filets ou pêche la langouste, un exercice où excellent les Sérères [ethnies]. Les villages d'Abéné et de Kafountine conservent leur arbre sacré et sacrifient à la palabre [palabre]. Plusieurs fois par semaine, les femmes dansent sur la place centrale pour se concilier les esprits de la forêt. Jamais le visiteur n'est traité en importun.
- La route de l'intérieur
La N5, puis la N4, plus ou moins bien goudronnées, conduisent à de petites villes très africaines [carte Sénégal sud ouest]. Un peu oubliées entre la Gambie et le fleuve Casamance, elles ignorent le folklore en trompe l'oeil et le tourisme aseptisé. Diouloulou ouvre le chemin des plages quand on vient de Ziguinchor. Baïla collectionne les cases ovales autour de sa mosquée. Tobor oscille entre les palétuviers de ses marécages et les grands arbres de la forêt des Kalounayes. Bignona prospère gentiment au soleil, en vendant de jolies poteries sur son marché.
- Le fleuve Casamance
Un fleuve de 320 km de longueur, avec, sous le soleil, une infinité d'oiseaux et une végétation édénique. La remontée des marées lui vaut des problèmes de salinisation, toutefois moins importants que sur le Sine et le Saloum. Grossi, sur sa rive droite, par la Soungrougrou, il est la deuxième rivière la plus importante du pays après le fleuve Sénégal. Navigable par tous les bateaux jusqu'à Ziguinchor, il a donné son nom, mais aussi sa richesse, à la région. Ses plantureux vergers, ses rizières lumineuses, ses milions de poissons, elle les doit à son incroyable lacis de canaux, marigots et ruisseaux, sur lesquels glissent les pirogues.
- Elinkine
Ancré au fond de l'estuaire et au carrefour de plusieurs voies fluviales, Elinkine est au point de départ de superbes excursions en pirogue. A la fois peuplé de Diolas [ethnies], animistes ou catholiques, et de Niominkas, qui eux sont musulmans, ce village paisible partage ses occupations entre l'agriculture, la pêche et la navigation. Habituée aux allers et venues des étrangers, la population ne demande qu'à engager la conversation. De l'embarcadère, on part vers les rizières de Niomoun, sur la rive droite du fleuve ; vers la pointe Saint-Georges, dont l'arrière-pays semble regorger de tous les fruits de la création ; et vers Karabane, comptoir portugais, puis français.
- L'île de Karabane
A l'embouchure du fleuve, l'île de Karabane, premier comptoir français de Casamance, apparaît irréelle avec les ruines fantomatiques de son fort, son église curieusement bretonne, son cimetière catholique où le capitaine Protet, fondateur de Dakar, repose parmi ses hommes; selon ses souhaits, il a été enterré debout, face au rivage où il se battit farouchement contre les Diolas [ethnies]. De petits cochons noirs courent sur les chemins, les cases en dur distillent la grisaille, les herbes folles empiètent sur le territoire des hommes. Comment imaginer que Karabane fut, au XIXème siècle, une ville administrative de premier plan, pleine de la rumeur des cabarets et du pas cadencé des soldats français? Aujourd'hui, l'île et la ville semblent en survie; sous l'effet du vent, jusqu'aux cocotiers y courbent la tête. Il n'empêche : Karabane possède des plages somptueuses et quasiment ignorées. Leur lumière insolente gomme la tristesse du lieu.
- Ziguinchor
A 75 km à l'est de Cap-Skirring, Ziguinchor, chef-lieu de région et siège de l'évéché, est la ville la plus importante de Casamance [carte Sénégal sud ouest ]. Dès le XVIIème siècle, sous l'impulsion d'un certain Gonçalo Gamboa Ayala, les Portugais en avait fait une des plaques tournantes de la traite négrière. Aujourd'hui, elle constitue une des grandes vedettes citadines du tourisme sénégalais. A proximité de la forêt guinéenne, elle s'étire le long du fleuve, à l'origine de sa vocation commerciale. Riz et arachide, fruits et légumes, poisson et coton transitent par son port. Par rapport à Dakar, Ziguinchor conserve une nonchalance qui étonne face à son étendue et au nombre de ses habitants : près de 100 000. Au premier coup d'oeil, son laisser-aller déçoit un peu, même si les flamboyants et les bougainvillées tombent sur les rues en avalanches. Mais, très vite, on succombe aux mille couleurs de ses étalages et de ses. boubous.
Couvertes de tuiles, ses longues maisons basses collectionnent arcades, colonnades et vérandas. Même défraîchies, elles évoquent encore les riches heures des comptoirs coloniaux du XIXème siècle. En permanence, une petite brise caresse les feuillages et adoucit l'atmosphère. Elle invite à la flânerie.
Entre le fleuve et les avenues Emile Badiane, Bachir et du Docteur Gabriel, quelques belles demeures et monuments d'hier méritent un coup d'oeil extérieur, comme la Trésorerie générale, le palais de justice ou la cathédrale Saint-Antoine. C'est dans la lumière de la fin d'après-midi, la plus apaisante et la plus favorable aux prises de vue, qu'il faut se promener dans ce quartier colonial délicieusement désuet. Le matin, lui, convient mieux à la découverte de l'embarcadère, situé au centre-ville. Il accueille les pirogues des pêcheurs tandis que se lève le soleil. Hélas, il attire aussi les guides " bénévoles ", dont il est difficile de se défaire. On y parvient parfois avec un savant dosage de gentillesse et de fermeté.
A deux pas de l'embarcadère, le marché Escale est surtout fréquenté par les autochtones. Au sud de la cité, le marché Saint-Maurdes-Fossés, qui doit son nom au jumelage de Ziguinchor avec la ville de la banlieue parisienne, a récemment brûlé. Les commerçants ont dressé leurs échoppes autour de ses décombres ; le lieu demeure amusant à fréquenter. On y trouve notamment de jolis objets en terre cuite.
- Le Cap-Skirring et l'arrière-pays
Ombragée de cocotiers et de palmiers, la plage du Cap-Skirring s'incurve doucement face à l'océan bleu et poissonneux. Cinq kilomètres de sable fin et chaud, une eau à température idéal, et toujours un hamac à portée de corps. Beaucoup la considèrent comme la plus belle de toutes les plages du pays. Rien n'y a été laissé au hasard. Avec leurs splendides jardins, les hôtels, loin de défigurer le site, l'ont encore embelli. A l'origine, le Cap-Skirring était peuplé de pêcheurs. Ils sont toujours là, avec leurs pirogues étroites, leurs filets, leurs gris-gris et leur bonne humeur. Le soir, ils mettent leurs poissons à sécher au bout de la plage. Oubliant son succès international, ses chambres climatisées, ses restaurants élégants, le Cap-Skirring retrouve alors ses accents d'hier.
Beaucoup d'excursions sont possibles au départ de la station. L'arrière-pays a conservé toute son authenticité sous ses palmiers à huile, ses fromagers géants, ses multiples bambous, ses sapotilliers aux fruits délicats. Il faut éviter de s'y aventurer seul, en raison des troubles politiques qui ont secoué la région. Ils sont à l'origine de la fermeture du parc national de Basse-Casamance, placé sous contrôle militaire. Les hôtels proposent des sorties quotidiennes qui, elles, s'effectuent en toute sécurité. Elles permettent la découverte de merveilleux villages, au coeur d'une nature qui a gardé sa richesse originelle. Point d'orgue de ses excursions : les cases traditionnelles, miraculeusement préservées, et dont certaines sont propres à la Casamance.
- Djembering
A 6 km au nord de Cap-Skirring par la route côtière [carte Sénégal sud ouest], c'est l'Afrique des livres d'images. Ce village de pêcheurs reste fidèle aux rites d'initiation, au pilage du riz, aux sons des tam-tams. Ses dunes plantées de gigantesques fromagers descendent doucement à une délicieuse plage. Voisin immédiat d'une des plus grandes stations balnéaires du Sénégal, Djembering conserve toute la sagesse africaine, toute sa gentillesse aussi.
- Oussouye
Incontournable, qu'on aille à Cap-Skirring, à Elinkine, à Ziguinchor ou à Mlomp. A la fois préfecture et siège d'une chefferie religieuse, ce noeud routier est aussi le centre de nombreuses fêtes diolas [ethnies]; elles se déroulent notamment après les récoltes et avant la rentrée scolaire. Sport national, la lutte lui vaut des compétitions célèbres dans toute la région ; les plus courues se déroulent en décembre. Le village possède de bons artisans vanniers et potiers ces derniers travaillent, avec une rare dextérité, une argile de leur composition : il est à base de vase, extraite des marigots et mêlée à des coquillages broyés, qui lui donnent une certaine consistance.
- Mlomp
A 10 km au nord de Oussouye, c'est la patrie des cases à étages : de vastes maisons en terre et paille mêlées (le banco), avec une armature en bois de palétuvier On ne les voit qu'ici. Au milieu de ses fromagers, bananiers et pommiers de Caylor, Mlomp est très visité. Les enfants en profitent pour harceler les visiteurs, la plupart du temps avec gentillesse. Avec leurs colonnes sculptées, leurs loggias ouvragées, leurs murs couleur torchis ou peints, leurs escaliers monumentaux, les cases à étages ont, sous leur toit de chaume, des allures de palais. Elles constituent vraiment une merveilleuse découverte,
- Enampore et Séléki
Deux villages séparés par 3 km, mais réunis par leurs cases à impluvium, autre habitat particulier à la Casamance. il s'agit de grands bâtiments ronds à double toit de chaume; l'un d'eux, en forme d'entonnoir, conduit l'eau de pluie à un bassin placé au centre de la case. A l'origine, chaque case à impluvium abritait de trois à quatre couples, plus le bétail, et, parfois, des abeilles; leurs essaims, dit-on, servaient autrefois à chasser les envahisseurs. Aujourd'hui, des puits permettent un approvisionnement en eau plus régulier et plus sain que l'entonnoir des toitures. La population, chaleureuse, recueille la sève des rôniers, ces palmiers élancés qui bordent les chemins. Fermentée, elle devient le vin de palme.
- Les messes chantées :
Au Sénégal, les religions s'interpénètrent avec un naturel déconcertant. Dans les églises catholiques, la grande messe du dimanche constitue souvent un spectacle unique. C'est que les instruments de la musique traditionnelle sénégalaise, comme les tam-tams, balafons et coras, y sont utilisés pour accompagner la liturgie romaine. Le tambour gorong qui vole au secours des chants grégoriens, c'est inattendu et c'est magnifique ! En Casamance, la messe dominicale de Djembering est un modèle du genre. Mais cette pratique a cours à travers tout le pays, du monastère bénédictin de Keur Moussa, près de Thiès, à l'église de Poponguine, sur la Petite Côte. Aujourd'hui, le clergé sénégalais est en majorité africain, ce qui favorise sans doute. ce mélange des genres.
IX - Région de tambacounda .
Le lion rugit, et c'est le bout du monde. Routes et pistes finissent au pied des collines mauves du Pays bassari [carte Sénégal sud est]. Rivières à boucles et à crocodiles, singes qui se chamaillent la tête en bas, marbre précieux d'une carrière oubliée, chercheurs d'or amateurs de bière de mil : dans son shaker, le Sénégal oriental mélange les ingrédients d'un film d'aventures. Ses cocktails sont explosifs.
Une région de creux et de bosses, de savanes et de forêts denses. Elle fut celle des royaumes mandingues [ethnies] émiettés, de la chasse à l'homme pour approvisionner le commerce des esclaves, de l'extermination des animistes par les musulmans aux XVIIIème et XIXème siècles. Le monde moderne semble l'avoir abandonné à la poussière rouge de ses pistes, à sa chaleur torride, à ses chasseurs bassaris disséminés dans les collines. Dakar et ses buildings aux arêtes vives, Saly-Portudal et ses hôtels climatisés, Saint- Louis et son festival de jazz, appartiennent-ils vraiment au même pays ? Dans les aurores roses qui naissent des méandres de ses rivières, le Sénégal oriental a des mimiques de bout du monde. Dominant le village, le bois sacré accueille toujours les adolescents pour une initiation qui dure trois mois et ne ménage pas les coups de bâton. S'étendant sur 913000 ha, le parc national du Niokolo Koba conserve des centaines d'hippopotames, des milliers de buffles, des singes comme s'il en pleuvait, au coeur d'une végétation luxuriante. Loin du tourisme de masse, entre les enchantements de l'imaginaire et les brillances du réel, le Sénégal oriental embaume le mystère et l'aventure.
- Bakel
A proximité des frontières mauritanienne et malienne, cette ancienne place forte dominant le fleuve est hélas difficile d'accès à partir de Matam, à cause d'une piste dégradée. il faut compter de 4 à 5 h pour couvrir les 140 km qui les séparent. Bakel, c'est la ville des Sarakholés, d'ascendance berbère. Ils se montrent particulièrement chaleureux avec les visiteurs. Le soir, quand baissent la chaleur et la lumière, les rives du fleuve se peuplent de lavandières, de pêcheurs, de piroguiers, de jardiniers, tandis que les animaux étanchent leur soif et que les gosses s'éclaboussent à plaisir. Accrochées à flanc de colline, les maisons dégringolent une à une jusqu'à de verts jardins passés au peigne fin. Assis au coin des ruelles escarpées, les vieux laissent de longs silences entre les quelques mots qu'ils échangent.
Il faut monter jusqu'au fort et à ses canons, en excellent état. Planté sur un éperon rocheux, il abrite la préfecture, mais on profite librement de sa terrasse, qui offre une vue superbe sur la rivière et sur la cité. L'explorateur et écrivain René Caillé s'attarda à Bakel. On le comprend sans mal.
- Tambacounda
Capitale du Sénégal oriental, Tambacounda fait se croiser de larges avenues goudronnées et des ruelles sablonneuses, les unes et les autres résolument commerçantes. Elle annonce 25000 habitants, et, comme toutes les agglomérations sénégalaises, mêle de nombreuses ethnies , des Diolas aux Mandingues, des Peuls aux Wolofs, des Sarakholés aux Bassaris, [ethnies] qui vivent de l'élevage, de l'agriculture et de l'artisanat. On se contente généralement de la traverser pour rejoindre le parc national du Niokolo Koba. Parfois, on y prend de l'essence, on y boit un verre. Elle mérite de plus longs arrêts pour humer, à l'ombre des manguiers et des acajous, les parfums de la vie quotidienne sénégalaise. Les bazars débordent de bassines et de cuvettes multicolores, de peignes et de broches en plastique, de pâtes dentifrices et de barils de lessive. Tout achat est prétexte à de fausses colères et à de vraies moqueries. De mars à mai, la température dépasse parfois 45 °C, mais le marché couvert, bordé de magasins de tissus, ne désemplit pas. Et chacun y discute les prix avec entrain.
- Le parc national du Niokolo Koba
Ouvert pendant la saison sèche, de décembre à juin, entrée payante.plan du parc.
De Tambacounda, la N 7 ouvre le chemin du parc national du Niokolo Koba par Missira, Wassa-Don, DialaKoto et Dar Salam [ carte Sénégal sud est]. La route est goudronnée jusqu'à son entrée. Créé en 1954, le Niokolo Koba compte parmi les plus importantes réserves de mammifères de toute l'Afrique de l'Ouest. En 1981, il a été inscrit par l'Unesco sur la liste des sites du Patrimoine mondial et des Réserves de la biosphère. Collines et plaines, ravins et marécages s'y succèdent, et, le long des nombreux cours d'eau, la forêt entremêle à plaisir ses arbres, ses lianes, ses plantes arborescentes. Quelque 1500 espèces végétales y ont été recensées, dont un palmier qui ne perd jamais ses palmes et un rônier absolument imputrescible.Six cents kilomètres de pistes, accessibles aux véhicules de tourisme, sillonnent le parc. Il s'inscrit dans un rectangle de 120 km d'est en ouest et de 70 km du nord au sud. De l'oie de Gambie au babouin, de la grue couronnée à l'hippopotame, du bubale à l'élan de Derby, de la panthère au crocodile, on peut y observer la plupart des représentants de la faune africaine, et notamment le plus prestigieux de tous : le lion. Le parc en contient encore une centaine. Mais le Sénégal n'est ni le Kenya, ni la Tanzanie. Les animaux y sont beaucoup moins nombreux que dans ces Vertes Collines d'Afrique chères à Ernest Hemingway. Compétents et dévoués, les gardes sont en nombre insuffisant face à des braconniers bien armés, prêts à tout, et qui possèdent des bases de repli dans les pays frontaliers, comme la Guinée. Depuis de longues années, ils ne se privent pas de profiter de leurs avantages.
Dans le parc national du Niokolo Koba, les animaux se méritent. il faut les pister, les guetter, et, souvent, se contenter de les deviner, loin parmi les bosquets d'épineux ou à demi dissimulés par les touffes de bambous. Une paire de jumelles est indispensable à l'expédition. Un guide aussi, même si le règlement intérieur ne l'impose pas. Certaines espèces ont complètement disparu, telle la girafe. D'autres apparaissent très menacées, comme l'éléphant ou le chimpanzé. Pour mettre toutes les chances de son côté, il faut rester un minimum de deux ou trois jours sur place, Et, surtout, fréquenter le parc entre fin mars et fin mai, quand la sécheresse atteint son point culminant. Les animaux, qui se regroupent autour des derniers points d'eau, sont alors plus faciles à localiser.
Le Niokolo Koba n'est pas un zoo, et c'est là son grand intérêt. Il assure à ses visiteurs une totale communion avec la nature. Il distille une solitude des premiers temps au milieu des fougères géantes, des fleurs inconnues, des arbres énormes. Surtout, entre le rugissement du lion et les hurlements des singes verts, il fait passer, à fleur de peau, le grand frisson de l'Afrique éternelle.
- Pays de chasse :
Le Sénégal oriental conserve une densité de gibier d'autant plus importante que la pression de la chasse y est faible. Le champ d'action, lui, est immense, puisque certaines zones de chasse oscillent entre 50 et 100000 ha, notamment sur les rives de la Falémé, affluent du Sénégal [carte Sénégal sud est]. Depuis longtemps, les autorités ont fixé des quotas qui préserve le potentiel animalier ; ainsi ne peut-on tirer qu'un phacochère par séjour de chasse. La saison de chasse commence le 15 décembre et prend fin le 30 avril.
- Mako et Kédougou
A la sortie du parc national du NiokoIo Koba, la N 7, bien entretenue, traverse Mako [carte Sénégal sud est]. Ce village offre de jolis points de vue sur le fleuve Gambie, où des lavandières plongent leur linge multicolore, On y croise parfois des orpailleurs. ils annoncent ceux, plus nombreux, qui occupent les rives de la rivière Falémé, aux confins du Mali. Dès la fin du XVème siècle, les Portugais connaissaient cette route de l'or.
Vient ensuite Kédougou, blotti au creux des collines. Au bout de la route qui prend naissance à Dakar, cette préfecture de la Falémé est connue pour les carrières de marbre d'Ibel, situées à une douzaine de kilomètres de la ville. Pour l'importance de son marché aussi, qui propose de nombreux produits agricoles en provenance de Guinée, à côté du mil, du coton et de l'arachide sénégalais. On y voit encore des cases traditionnelles, dont les murs sont composés de blocs de latérite superposés. D'autres font appel au marbre d'Ibel, rose ou vert, pour embellir leur façade., Authentique et actif, Kédougou, qui compte environ 6 000 habitants, est la porte obligée du Pays bassari.
- Le Pays bassari
Dominée par le Fouta-Djalon guinéen, la région est très difficile d'accès. Même les 4 x 4 souffrent sur ses pistes chaotiques, entre gués profonds, ravines menaçantes et savanes boisées. A cheval sur la frontière du Sénégal et de la Guinée, au sud du parc national du Niokolo Koba, les Bassaris demeurent fidèles aux coutumes de leurs lointains ancêtres. Ils pratiquent la culture et la cueillette, mais ce sont d'abord des chasseurs et des pêcheurs redoutables. Au XIXème siècle, ils ont fui devant les Peuls [ethnies], qui voulaient les islamiser, pour s'installer dans des collines escarpées; souvent, elles ne sont accessibles qu'à pied. Leurs villages de petites cases rondes entourent notamment Salemata [carte Sénégal sud est]. Ebarak, le plus connu, est bâti contre une falaise et entouré de champs de mil et de pois de terre, mais aussi de bananiers, orangers, goyaviers, manguiers, citronniers.
Pour les fêtes rituelles, nombreuses et généreusement arrosées de bière de mil, les hommes se coiffent de masques de fibres et d'écorce, très recherchés par les collectionneurs. Les femmes, elles, portent des bijoux, et notamment des perles, autour du cou, des poignets, des reins. Aujourd'hui, les Bassaris ne sont plus que quelques milliers, repliés sur eux mêmes et parlant une langue difficilement comprise par les autres ethnies. S'ils disparaissaient, ils emporteraient avec eux quelques-uns des plus vieux secrets du Sénégal.
X - La Gambie .
Un pays lilliputien et étroit, qui s'enfonce dans le Sénégal et partage, avec lui, le fleuve qui lui a donné son nom. De la présence anglaise, les fonctionnaires gambiens ont conservé une certaine roideur. Les femmes, superbes dans leurs boubous, sont porteuses de tous les sortilèges de l'Afrique. Même dans les rues défoncées de Banjul, elles dansent en marchant.
Au profil côtier du Sénégal, la Gambie ajoute une bouche aux lèvres charnues. Elle fend largement le pays d'est en ouest, de Banjul à Waliba. L'enclave gambienne sépare le Sine-Saloum de la Casamance. Elle s'étire sur plus de 400 km de longueur, mais sur moins de 50 km de largeur. Ouvert sur l'océan Atlantique, c'est le plus petit pays d'Afrique. Il occupe le cours inférieur du fleuve Gambie, encadré par de bas plateaux gréseux. Les Anglais y succédèrent aux Portugais dès le XVIème siècle. A l'embouchure du fleuve, sur l'île Saint-Marie, ils tenaient une formidable tête de pont pour la traite des esclaves. D'abord colonie, puis protectorat, l'ex-Gambia devient autonome en 1963, monarchie en 1965, république indépendante en 1970. Elle est membre du Commonwealth (couronne britannique). Après avoir voulu s'unir, Sénégal et Gambie se regardent aujourd'hui en chiens de faïence. Ainsi les deux pays ont-ils renoncé à un projet capital, sur les plans économique et touristique, qu'ils nourrissaient en commun la construction d'un pont sur la Gambie, pour remplacer le bac. La forêt gambienne a été très dégradée par la population. Celle-ci s'adonne aux cultures du riz, du mil, du moniac, mais aussi et surtout de l'arachide, son seul produit d'exportation. Le brassage des ethnies est important. Les Mandingues, Peuls, Wolofs, Diolas, Toucouleurs, Sérères ne s'embarrassent guère de considérations frontalières, passant sans vergogne du Sénégal à la Gambie et vice versa.
- Banjul
Pour les touristes, l'opération se révèle plus compliquée : la douane est tatillonne et adore les papiers, qu'ils soient à remplir ou à fournir. Un accueil plutôt dissuasif. Dommage, car Banjul, malgré les problèmes d'insécurité qui la caractérisent, est une capitale plutôt séduisante avec ses vieilles maisons coloniales, ses quantités de tissus bon marché, son mélange de rigueur very british et de pagaille organisée très couleur locale. Les gamins y jouent au ballon, comme partout sur le continent africain, mais aussi au cricket, entre une église anglicane et des échoppes qui débordent du plus grand choix de boubous de toute l'Afrique de l'Ouest. L'impeccable uniforme bleu des policiers surprendrait à peine du côté de la City. Les odeurs et senteurs de l'énorme marché, elles, n'ont leur place que sous les tropiques. Banjul n'est pas la seule cité anglophile d'Afrique. Mais c'est peut-être celle qui marie, avec le plus d'humour, les jardins d'Albion aux sentiers de brousse et le fish and chips au poulet grillé et riz blanc.
- Kombo Beach
Comme le Sénégal, la Gambie possède de superbes plages, sous un ciel d'un bleu éclatant. La saison des pluies le trouble à peine de quelques gros nuages, vite passés et vite oubliés. C'est la station de Kombo Beach [carte Sénégal sud ouest], tout près de Bakau traditionnellement occupé par les notables du pays, qui symbolise le mieux la Gambie balnéaire. A une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Banjul, elle possède des clubs de vacances et des hôtels bien équipés pour s'adonner aux plaisirs du sable et de l'eau. Ils sont surtout fréquentés par les Scandinaves et, bien sûr, par les Anglais, viscéralement attachés à leurs anciennes colonies, Les Français s'y font beaucoup plus rares.
- Les excursions
A Kombo Beach, le farniente règne en maître absolu. Les plus courageux entreprennent néanmoins quelques excursions : vers les villages de pêcheurs de la côte ouest, comme Gunjur et sa fumerie de poissons ou Kartung, tout près de la frontière sénégalaise. Vers la grande cité commerçante du pays : Serekunda, 100000 habitants et une animation aussi joyeuse que permanente. Ou vers le parc d'Abuko (entrée payante), peuplé de dizaines espèces d'oiseaux différentes; la Gambie en possède plus de 400. On y voit aussi des singes et des crocodiles, rescapés des grands massacres cynégétiques qui, au début du siècle, éliminèrent du pays l'éléphant et la girafe.
- Un long fleuve tranquille
La Gambie est un fleuve opulent de quelque 1500 km de longueur, bordé de magnifiques palmiers sur son cours inférieur. Il est d'abord guinéen, puis sénégalais et gambien. Au Sénégal, il arrose le parc national du Niokolo Koba et permet aux animaux de se désaltérer, notamment pendant la saison sèche, quand les points d'eau viennent à manquer. En Gambie, qu'il traverse d'est en ouest, il rythme la vie du pays. Les pêcheurs occupent ses rives, les villes aussi, de Georgetown, l'ex-capitale construite sur une île, à Banjul, située à son embouchure. Comme au Sénégal, des excursions en pirogue sont possibles sur ce fleuve très calme, dans lequel l'eau salée remonte à plus de 150 km.