LE SENEGAL
I - L'économie du pays .
Quelques chiffres :
Superficie : 196 722 km2 / 5490002 en FR. |
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PIB : 6,2 milliards de dollars. |
Popu : 8,8 millions habitants / 60 millions en FR. |
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PIB par habitant : 1700 dollars |
Densité : 41,3 habitants au km2 |
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Importation : 1209 millions de dollars. |
Taux de mortalité : 16 pour mille |
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Exportations : 1124 millions de dollars. |
Taux de natalité : 16 pour mille |
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Dette extérieure : 3,6 milliards de dollars. |
Espérance de vie : 48 ans |
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Budget de l'Etat : 1,19 milliards de dollars |
Taux d'alphabétisation : 48 % |
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Aide au développement : 769 millions de dollars. |
Population urbaine : 42 % |
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Croissance annuelle : 3 % |
Population active : 50 % |
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Sans l'aide internationale, le Sénégal, comme la plupart des pays d'Afrique noire, ne pourrait survivre. Hormis les phosphates et la richesse de l'océan en poissons et crustacés, ses ressources naturelles sont modestes. Et la sécheresse menace toujours sa terre. "L'agriculture ne peut reposer que sur une réelle maîtrise de l'eau", disait le président Abdou Diouf dès sa prise de fonction. Le Sénégal est un petit pays ; son industrie, tournée vers le marché intérieur et actuellement concurrencée par la production asiatique, ne peut en repousser les frontières. Depuis trente ans, c'est le développement du tourisme qui apparaît comme l'élément le plus dynamique de l'économie. Il pourrait faire pencher du bon côté la balance commerciale du pays, aujourd'hui déficitaire.
Avec des hauts et des bas, l'arachide, introduite au Sénégal dès le XIXème siècle, demeure la locomotive de l'agriculture et le premier produit d'exportation du pays. Originaire d'Amérique centrale, elle s'accommode bien du sol sénégalais, sec et ensoleillé, qui permet d'obtenir des rendements spectaculaires, même avec des techniques archaïques. Dans les régions les plus humides, riz, canne à sucre et maïs s'ajoutent à l'arachide. Des produits de maraîchage aussi, comme les melons ou les choux. Quant au coton, il approvisionne une industrie locale active, abandonnant un surplus à l'exportation. Malgré une volonté déclarée de diversification, la création de barrages sur le fleuve Sénégal, l'apparition de coopératives paysannes, l'agriculture sénégalaise ne réussit pas à nourrir toute la population. L'élevage, pour sa part, constitue la grande richesse du Ferlo. Zébus, moutons et chèvres demeurent, hélas, à la merci des fortes sécheresses qui frappent parfois le Sénégal.
La pêche affiche une santé resplendissante. Elle se développe régulièrement depuis les années 50. A la rencontre de courants froids et chauds, les côtes sénégalaises comptent parmi les plus poissonneuses du continent. A la fois artisanale et industrielle, la pêche s'appuie sur des thoniers, sardiniers et chalutiers très bien équipés, plus une impressionnante flottille de pirogues bariolées, comme on en voit à Mbour. C'est la première activité économique du pays, sa première source de devises aussi.
Phosphates de chaux et d'alumine, notamment exportés vers la France et le Japon, constituent la principale ressource minière du pays. Les industries qui en découlent se concentrent autour de Dakar et Rufisque. Les huileries, brasseries et conserveries aussi, qui souffrent de la chute répétée des cours des matières premières. On savait que le sous-sol du Sénégal oriental recélait de l'or. Depuis peu, d'importantes réserves de fer y ont été découvertes. Leur exploitation pourrait représenter un réel espoir pour le pays, Mais c'est sur le développement du tourisme, balnéaire et de découverte, que le gouvernement semble d'abord miser. Longtemps marginale, cette industrie souriante a connu une expansion soutenue à partir des années 70. La crise mauritanienne, les escarmouches en Casamance, la guerre du Golfe l'ont freinée. Mais elle repart toujours. En moyenne, le Sénégal accueille 300 000 visiteurs par an, la moitié sont des Français.
La campagne sénégalaise vit en autosubsistance. Avec un lopin de terre et une vieille houe, Wolofs, Sérères, Bassaris nourrissent leur famille. Ils alimentent même ces marchés de village dont couleurs et odeurs sont indissociables du rêve africain. Irrigation, investissement, développement des cultures d'exportation, matériel moderne, techniques de pointe, n'intéressent pas vraiment ces paysans. Eux restent fidèles au gombos, au niébé, au bissap, à l'igname, au lalo, au jujube, autant de légumes, de fruits, de feuilles, de racines entrant dans la composition de leurs menus quotidiens. Cette production-là ne pèse pas lourd dans la balance commerciale sénégalaise. Mais elle enthousiasme les touristes.
II - Institutions politiques et administratives .
Les institutions sénégalaises rappellent celles de la VIème République française. Etablie en 1963, la Constitution du Sénégal a été modifiée en 1983. Elle a mis en place un régime présidentiel, sans Premier ministre depuis qu'Abdou Diouf a succédé à Léopold Sédar Senghor. D'abord fixé à cinq ans, le mandat présidentiel a été étendu à sep ans en 1993. Le président de la République est élu au suffrage universel.
Le pouvoir législatif appartient à l'Assemblée nationale, composée de députés élus pour cinq ans. Indépendant des précédents, le pouvoir judiciaire décline une Cour suprême, une Cour d'assises et une Cour d'appel, plus des tribunaux régionaux, départementaux et du travail, ainsi que des juridictions spéciales.
Le Conseil économique et social se compose de quarante-cinq membres désignés par le gouvernement.
Le Sénégal comprend dix régions administratives, découpées en départements. Aux élections, les citoyens sénégalais, passionnés par la politique, votent habituellement en masse, quelle que soit l'importance de l'enjeu. Malheureusement, comme pratiquement partout en Afrique, de nombreuse irrégularités ont lieux... Ilot de stabilité au sein du continent africain, le Sénégal appartient à de nombreux organismes internationaux et prône la concertation entre Etats, sur les plans politique, économique et social.
III - La population .
Comme la plupart des pays du monde, le Sénégal se trouve confronté à l'exode rural d'une population qui croit de 2,5 % par an. Dakar et ses banlieues regroupent un sénégalais sur cinq, avec un taux de progression annuel de 4 %. L'actuelle espérance de vie est de 49 ans, tandis que 55 % de la population a moins de vingt ans. Le pays se compose d'une vingtaine d'ethnies appartenant à trois religions différentes, sans compter les présences maure, libanaise et européenne : au total, environ 50 000 non-africains, dont près de 20 000 français. Malgré la complexité d'une telle réalité humaine, le Sénégal forme une nation unie. Les différences demeurent pourtant très perceptibles entre les principales ethnies :
Croyances et pratiques religieuses structurent, depuis longtemps, la société sénégalaise. La famille aussi. Chaque homme qui travaille doit faire vivre femme(s), enfants, parents et grands-parents, frères et soeurs, bref, toute sa famille, proche ou lointaine. Il s'agit là d'un devoir imprescriptible. Il conduit souvent au népotisme (abus en faveur de sa famille), dans l'entreprise comme dans les rouages mêmes de l'Etat.
La distinction entre hommes libres et esclaves, les castes établissant une hiérarchie entre les activités professionnelles, la terre qui n'appartient à personne : ces préceptes ancestraux se sont effacés avec le temps, permettant au Sénégal d'évoluer vers le modèle social de l'Occident. Le pays conserve des coutumes respectables. Elles recommandent de respecter l'autorité paternelle, de subvenir aux besoins des mendiants, de vénérer les vieillards. D'autres pratiques semblent plus discutables, comme la polygamie ; voire condamnables, telle l'excision, en perte de vitesse dans les grandes villes, mais encore d'actualité dans certains villages.
Elle jouit d'une indépendance de plus en plus grande, vis-à-vis du père comme de l'époux. Depuis longtemps, elle préfère le boubou au voile, dans un pays très majoritairement musulman. Elle accède, aujourd'hui, à des postes supérieurs ; à Dakar, elle est médecin, professeur, avocate. Elle se lance dans la politique, comptant quelques représentantes à l'Assemblée nationale. Elle écrit aussi, telles les romancières Aminata Sow Fall ou Mariamma Ba.
Depuis 1974, la loi la défend contre la répudiation arbitraire, et le divorce s'obtient par consentement mutuel. Tous les hommes ne voient pas cette émancipation d'un bon il. Dans les villages, les petites filles ne sont pas toujours scolarisées. La femme sénégalaise n'a jamais été une féministe à tous crins. Elément le plus stable du foyer, c'est en douceur qu'elle se dégage du joug des traditions.
Littérature:
La littérature sénégalaise, une plus riches de tout le continent africain, apparaît très marquée par des préoccupations politiques et sociales ainsi le Panorama politique du Sénégal ou les Mémoires d'un enfant du siècle, de Mansour Bouna Ndiaye, Excellence, vos épouses, de Cheik Aliou Ndao, ou le Dernier de l'Empire et le Mandat, de Ousmane Sembene, également scénariste. Dans la lignée de Léopold S. Senghor, la poésie occupe une place privilégiée dans l'édition, les contes et légendes aussi, entre Birago Diop et Amadou Lamine Sall. Le roman policier cherche à se faire une place au soleil, notamment avec Djo Bass.
Cinéma:
Le Sénégal s'est intéressé à l'art cinématographique dès 1955-1960, notamment avec Mamadou Sarr et Paulin Vieyra. Mais c'est Ousmane Sembene qui, avec Borrom Sarret (1963) et la Noire de... (1966), permet au cinéma sénégalais de franchir les frontières de son pays. En 1988, il sera primé au.festival de Venise avec le Camp de Thiaroye. Les moyens financiers ne sont pas toujours au rendez-vous d'une production foncièrement originale. De Seck Amadou Saalum à Moussa Yoro Bathily, les réalisateurs sénégalais ne manquent ni de personnalité, ni de talent. Mais ils ont du mal à percer à l'étranger. Et ils résistent difficilement aux productions américaines, mais aussi françaises, indiennes et égyptiennes, qui envahissent les écrans du pays.
Musique et chant:
Le rythme : les sénégalais l'ont dans la peau. Depuis toujours, musique, danse, chant appartiennent à leur vie quotidienne. Ils naissent et meurent entre battements de mains et déhanchements, aux sons du balafon (xylophone), du tama (tambour d'aisselle), du khalam (guitare à une corde). Chaque groupe ethnique possède ses instruments, ses rites et ses sonorités propres, même si le rythme de base est toujours communiqué par les tam-tams. L'inspiration du moment compte beaucoup. Pourtant, la coordination entre chanteurs, danseurs et musiciens semble toujours parfaite, même lors de la plus modeste fête de village.
Au Sénégal, la grande et belle ombre de la musique traditionnelle enveloppe jusqu'aux pistes de danse des boites de nuit à la mode. Mais les artistes sénégalais ont également su créer une musique africaine moderne. Au cours de ces dernières années, elle a déferlé sur le monde entier, grâce à des pionniers, comme le trio Touré Kounda ou le groupe Xalis. Aujourd'hui, c'est sans doute un Wolof [ethnies], Youssou N'Dour, disque d'or avec son tube Seven Seconds, qui symbolise le mieux cet extraordinaire renouveau.
Senghor, entre politique et poésie:
Professeur agrégé de grammaire, Léopold Sédar Senghor, né en 1906, est élu député SFIO en 1945. Amour pour la langue française et passion pour la politique dominent sa vie. Condisciple et ami de Georges Pompidou, au lycée Louis-le-Grand, il s'affirme comme un essayiste et un poète de grand talent; il est l'auteur de Chants d'ombre, Ethiopiques, etc. Chantre de la négritude (il a inventé le mot), il saura mettre en évidence l'identité culturelle de l'Afrique, tout en nourrissant un projet moderne pour le Sénégal. Catholique, il voulut d'abord devenir prêtre. Aujourd'hui, ce grand humaniste constitue une figure emblématique du continent africain.
La culture africaine a d'abord été orale. Pendant des siècles, la continuité des traditions a reposé sur les souvenirs des plus vieux et sur les récits des griots. " En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle ", a dit Amadou Hampâté Bâ, écrivain malien. D'où, sur tout le continent noir, l'importance de la parole, le caractère quasi sacré de la discussion. Au Sénégal, la palabre demeure d'actualité. Elle consiste, entre toutes les personnes concernées, à traiter à fond d'un problème, jusqu'à ce qu'une solution apparaisse. Il faut absolument aboutir, même si les échanges d'arguments doivent se prolonger des heures durant. Très goûtée dans les villages traditionnels, la palabre est parfois utilisée par les hommes politiques eux-mêmes, pour sortir d'une crise grave. Même le président Abdou Diouf y fait appel.